Vaise avant Lugdunum
Grâce aux opérations d’archéologie préventive, de nombreuses fouilles et découvertes ont eu lieu à Vaise ces 20 dernières années. La connaissance historique de ce quartier et des origines de Lyon, ont ainsi pu considérablement évoluer. Il a été clairement établi que ces lieux étaient largement fréquentés avant la création de la cité de Lugdunum.
Parmi les fouilles récentes, citons par exemple :
- des restes osseux remontant au Néolithique (2300 – 2200 av .JC),
- les restes d’une maison gauloise du Vème siècle av. JC,
- des tombes celtes (250 à 200 av. JC),
- la découverte de gigantesques fossés avec des restes de festins gaulois (140 à 120 av .JC)…
Un carrefour antique
Les fouilles effectuées dans les années 1990 à l’occasion des aménagements multiples du quartier ont aussi confirmé que Vaise se situait à l’emplacement d’un carrefour de plusieurs voies se rejoignant approximativement au niveau de l’église Saint-Pierre de Vaise. De ce carrefour naissait une voie importante en direction du nord, la Voie de l’Océan, créée par Agrippa, suivant la rue de Bourgogne puis la RN6 en direction de Limonest. Un point précis sur le quartier de Vaise est fait dans « Vaise : un quartier de Lyon antique » édité par l’ALPARA en 1995. Ce livre nous a servi de base pour cet article, ainsi qu’un autre ouvrage, « la voie de l’Océan et ses abords » (mai 2006).
Une « rocade ouest »
Une voie importante prenait probablement naissance à la sortie de la ville haute de Lugdunum, au niveau du carrefour de Trion (Trion = les 3 voies). Elle suivait l’actuelle rue Pierre Audry par le vallon, jusqu’à Gorge de Loup pour rejoindre le quartier Saint-Pierre de Vaise. On pourrait retrouver dans cette « rocade » partant de Trion, un premier tronçon de la voie de l’Océan citée plus haut.
De part sa faible déclivité, cette voie romaine comprise entre Vaise et Trion devait être un axe de communication important, permettant non seulement l’accès des convois de marchandises et autres matériaux de construction à la ville haute de Lugdunum. Toutes les autres voies reliant le plateau de Fourvière et de la Sarra (emplacement de la ville antique) à la plaine possédaient des pentes sensiblement supérieures (par exemple la Voie du Rhin, actuelle montée Saint-Barthélémy ou la montée de Choulans).
Les rives de la Saône
Une voie devait suivre la Saône entre Vaise et Saint-Paul. De nombreuses tombes ont été retrouvées Quai Arloing, ainsi que des restes de thermes et d’entrepôts. Une autre voie suivait la rive gauche de la Saône à partir du bourg de Condate (pentes de la Croix-Rousse et presqu’île), en desservant notamment un quartier de potiers et d’artisanat. En face de Vaise, une traversée de la Saône n’est pas à exclure, sous forme possible d’un gué.
Une liaison directe avec la ville haute ?
Le quartier de Saint-Pierre de Vaise aurait pu être en relation directe avec la ville haute par une dernière voie, cheminant sur l’éperon de Loyasse. Pour certains, cette voie, issue du quadrillage intra-muros des rues de la cité antique, pourrait être une première portion de la voie de l’Océan.
Le vicus de Vaise
Le terme de vicus désigne tant un quartier urbain qu’une implantation plus importante que ses fonctions nous feraient qualifier aujourd’hui de bourg.
Des fouilles effectuées au nord de Saint-Pierre de Vaise (rue du Chapeau Rouge, place Valmy et rue Marietton) ont montré qu’après les premières occupations, le bourg est aménagé au début du Ier s. ap. J.-C. en îlots comportant des habitations, des ateliers et des entrepôts dont l’organisation est plus particulièrement perceptible du Ier au IIIe s ap. J.-C.
La position de carrefour de ce bourg imposent Vaise comme la porte nord de Lugdunum, permettant à la fois de desservir directement la ville haute via Gorge de Loup et -peut être – l’éperon de Loyasse, mais également Condate et le sanctuaire fédéral, en longeant les bords de Saône et en traversant la rivière au niveau d’un pont probable au niveau de Saint-Paul.
Bien que dissocié de la ville haute, ce bourg n’en reste pas moins certainement assez dépendant de la cité en situant dans sa proche périphérie.
Le IVe s. ap. J.-C. semble marqué par un relatif déclin du quartier qui se resserre autour d’un noyau dont la périphérie est progressivement affectée à l’usage funéraire.
Un port ?
La proximité de la Saône, du carrefour probable de voies et du quartier d’habitation et d’artisanat de Vaise, appellent la présence d’un port. En effet, cet emplacement est idéalement situé pour le transit des marchandises lourdes et des matériaux vers la ville haute. Toutefois rien ne justifie actuellement cette hypothèse.
Vaise après l’époque romaine…
Une activité humaine est avérée aux VI-VIIè s (fouilles rue du Chapeau Rouge) et à l’époque carolingienne (fouilles du Quai Arloing). Un premier lieu de culte sous le vocable de Saint-Baudille est mentionné en 878, et la première église Saint-Pierre de Vaise est édifié en 1050. L’édifice actuel date de 1845.