Les Terreaux : un ancien fossé fortifié
La première mention relative aux fortifications de la presqu’île date du début du XIIIème siècle, dans un traité de 1208. Ce traité atteste la présence d’une clôture et de fossés défensifs sur la partie nord de la presqu’île.
Ces fortifications sont composées d’un fossé (d’où leur appellation « fossés de la Lanterne ») et d’une muraille. Au cours des années 1269-1274, l’enceinte est renforcée. A cette date elle comprend les fossés et une muraille garnie au minimum de deux tours, l’une près de la Lanterne et celle de la Tourette, et de deux portes, Lanterne et Pêcherie. Les fossés avoisinent les 2,5 mètres de profondeur.
Un mémoire de 1378 permet de déduire que l’enceinte des Fossés de la Lanterne se présentait sous la forme d’un mur d’un peu moins de deux mètres d’épaisseur, percé de 18 archères de pierre de taille sur sa section comprise entre la porte de la Pêcherie et la porte de la Lanterne et de 23 archères sur celle courant de la porte de la Lanterne à la tour de la Tourette.
Au XVIème siècle et suite à des phases d’entretien et de travaux successifs d’agrandissement, les fossés sont large de 22 mètres pour une hauteur totale du mur d’escarpe de 3,7 mètres et de 4,9 mètres pour le mur de contrescarpe.
Le déclin
La question de l’emplacement des fortifications septentrionales de la ville, déjà débattue au XVième siècle trouve un terme, lorsque, à partir des années 1512, le site de Saint-Sébastien, au long du rebord méridional du plateau de la Croix-Rousse, fit l’objet de travaux défensifs importants.
Les fossés de la Lanterne ne sont alors plus entretenus, se remblaient petit à petit et servent de « terrain vague » : des fouilles ont aussi permis d’identifier des dépotoirs, un envasement progressif, et même des sépultures sommaires. Les textes décrivent un cloaque, énorme flaque de boue, de vase et d’eaux croupissantes (dont la puanteur est rappelée dans les textes) qui fait office de décharge domestique et artisanale.
Les arquebusiers
De nombreux textes et le plan de 1550 rapportent qu’une partie des fossés était utilisée comme terrain d’entrainement par les arbalétriers ainsi que par les arquebusiers.
Un canal pouvant être inondé ?
Une série d’écluses devait pouvoir mettre en eau les fossés en cas de nécessité. L’alimentation en eau aurait eu pour origine le Rhône par un dispositif appelé « canal de Neyron », et pour exutoire la Saône. Son emplacement exact aurait été rue Joseph Serlin, dont l’ancienne appellation (avant qu’elle ne s’appelle aussi temporairement rue Lafont) était la rue des Ecloisons car il s’y trouvait des écluses destinées à retenir les eaux du canal. La rue Constantine, dans le prolongement, s’appelait par le passé rue Baissard ou des Basses Ecloisons car l’eau s’y écoulait vers la Saône en baissant.
Naissance de la place des Terreaux
Il ne semble pas que la place des Terreaux ait été prévue avant 1556. Son origine est dans doute liée à la présence du couvent de Saint-Pierre qui la borde sur son côté sud. Dans le cadre d’une transaction, les moniales ont en effet exigé, afin que nul ne puisse regarder par dessus les murs de leurs jardins, que les conseillers s’engagent à ne rien laisser construire et transforment cet espace en place publique.
La place des Terreaux, à travers son toponyme, garde en souvenir son ancienne fonction, puisque « terreaux » signifie fossés.
L’aménagement actuel
La place a été réaménagée en 1994 par Christian Drevet (architecte-urbaniste) et Daniel Buren (artiste), avec notamment une alternance orthogonale de 69 jets d’eau bordés de 14 piliers. D’importants travaux de réfection de la place ont lieu en 2019.
Liens
- Parcours de visite sur les pentes de la Croix-Rousse : http://www.lyon-visite.info/traboules-croix-rousse/
- Lyon, les dessous de la Presqu’île. Alpara.2000 : https://books.openedition.org/alpara/1842